Париж встречает дождём - Людмила Дюбург
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Tu penses que je veux prendre sa place dans ton cœur? Et déjà çà ne te plaît pas. Et oui alors… Excuse-moi, mais une place dans ton lit m’intéresse moins. C’est autre chose. Oui, j’aime m’endormir avec toi, te sentir… J’aime t’aimer. Mais j’ai besoin de toi, non simplement comme la femme est nécessaire à l’homme. Tu es généreuse, le don rare. Tu penses que je veux abuser de ta générosité et t’obliger à rester à mes cotés? Certes, je peux te convaincre et te dire qu’avec moi la vie sera plus facile car ton fi ls est déjà adulte et tu peux penser à toi-même.
Mais je ne tiens pas à ce que tu me choisisses rationnellement. J’ai besoin de ta tendresse. De ton amour. Rappelles-toi, tu m’as raconté qu’un jour, ton mari s’est mis à peindre le plafond avec des touches multicolores? Le coup de pinceau et la tâche verte sur le plafond. Encore un autre et comme un arc-en-ciel autour du lustre. J imagine ce travail et toi, tu n’étais pas fâchée, tu riais seulement.
Je ne toucherai pas le plafond. Je te conquérrai autrement, mais aussi par l‘amour. Seulement tu n’appelles pas. Maintenant c’est clair, la pause du déjeuner est fi nie, mais tu es occupée. J’attendrai jusqu’au soir. Tu sortiras du bureau, tu iras jusqu’à «Ecole militaire» et puis tu arriveras à la maison, enlèveras ton manteau. Tu fumeras peut-être une cigarette (bien que tu aies promis d’arrêter) et tu t’approcheras du téléphone: «Guy, salut, excuse-moi, je n’ai pas appelé à midi, désolée, mais tout va bien, je suis à la maison, tu viendras?»
Oui, oui! Bien sûr! C’est pas grave, tu me raconteras après, j’arrive ma Chérie!
19h00. Il y a un quart d’heure on a sonné à la porte, j’ai sursauté. Soudain j’ai eu un fl ash: toi! Tu as décidé de me faire une surprise! Hélas…C’était le concierge, il avait reçu un avis pour moi, il faudra passer à la poste.
Il a commencé à pleuvoir. Est-ce que tu as pris le parapluie? Tu es tellement distraite. Ou bien peut-être tu as pensé attendre la fi n de la pluie dans un café? Tu es probablement avec Marie-Thérèse dans un bar et vous bavardez. Si c‘est comme çà c’est bien…mais c’est du crachin, cela ne s’arrêtera pas avant longtemps. Il faut que tu te dépêches, tu dois retourner à la maison et te précipiter sur le téléphone car je t’attends tellement.
21h00. La pluie ne cesse pas, tu n’as pas appelé. Que se passe-t-il? Où es tu? Cent fois je me suis approché du téléphone, je voulais composer ton numéro. Mais je ne l’ai pas fait. Tu me diras: la fi erté masculine. Non, non! Quelle fi erté? Peut-être je craignais de ne pas te trouver, ou bien je ne voulais pas te montrer mes émotions: cela pourrait ne pas te plaire. Cela pourrait provoquer un agacement et je ne veux pas t’ennuyer. Je résisterai – je vais essayer! – pour toi. Tu es généreuse, tu ne voudras pas me blesser mais tu ne sais pas mentir. Ma pauvre… qu’est ce que j’ai imaginé! Je ne te laisserai pas souffrir, prendre une décision. Seulement que tout soit bien pour toi et moi, je pourrais me débrouiller.
Finalement, de penser à toi, le souvenir de nos rencontres, rêver de nous, c’est peut être un bonheur plus grand que d’entrer dans l’avenir et contempler l’immensité du vide d’une vie solitaire et l’étroitesse d’une vie à deux.
0h20. J’ai écouté Georges Brassens, tous les morceaux. Pourquoi? Je ne sais pas…Peut-être pour me calmer. J’ai mis Sardou «la maladie d’amour». Tu te moques de ma sentimentalité. Mais ce n’est pas que toi. Et même moi j’ai un peu honte. A mon âge il faut être plus raisonnable. Mais que faire? Je ne peux pas…»