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Париж встречает дождём - Людмила Дюбург

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– Согласитесь, что тема не модная. Нет драйва. Кого сегодня интересуют чувства, даже если они настоящие. Что скажете?

Грета ответила не сразу. Задумавшись, опять сильно напомнила Фриду Кало.

– Мне кажется, что все-таки на чувства регламент моды не распространяется. Разве мы не хотим быть любимыми? По-настоящему. Чтобы кто-то дорожил, берег, мечтал. Чтобы кто-то ложился спать и просыпался с надеждой, что ничего плохого не случится. Когда иссякнет в мире любовь – закончится человеческая история. Мир, по-моему, активно к тому стремится, взяв курс на саморазрушение. И только крохи любви ко всему настоящему с трудом тормозят этот процесс.

Она говорила без пафоса, не стремясь произвести впечатление. Просто. Настолько просто, что на какую-то долю секунды стало страшно. А вдруг?

– Пессимистично. Прямо апокалипсис, – вставила Екатерина.

– …но только крохи любви ко всему настоящему тормозят этот процесс, – повторила Грета. – Я права? N’est-ce pas?[49]– добавила чуть насмешливо по-французски и, попрощавшись, вышла.

Вера распечатала принесенный конверт. В нем были те самые старинные открытки, адресованные когда-то, кому-то, фотографии людей, живших когда-то, писавших кому-то: «Дорогой Пьер. С вершины Сан-Франсуа шлю тебе искренние и наилучшие пожелания в новом 1935 году…», «Дорогая мама, мы добрались хорошо, только Кэтти заболела».

Улыбающиеся лица, складки платьев, кружева зонтиков, пальмы.

Вспышка фотоаппарата запечатлела мгновенье счастья. Конкретное мгновенье конкретного счастья конкретного мгновенья. Мгновенье счастья мгновенья. У которого есть только настоящее и никогда – будущего.

Париж – Москва, 2015 г

То самое письмо…

«8h45. Ma Chère… Ma Chérie… je commence le matin sans toi et avec toi, si tu étais à coté, tu dormirais encore. Tu n’arrives pas à te lever avant moi, j’ai un petit privilège: je peux te regarder endormie sans craindre que tu dises: «Guy, s’il te plaît, arrête de me regarder, je ne suis pas tellement admirable». Et moi, je t‘admire. Depuis le moment où je t’ai vue dans ce café. Tu ne m’as jamais demandé pourquoi tu as attiré mon attention.

Sans doute cette idée ne t’avait pas effl eurée, c’était pour toi sans importance. Pourquoi un homme d’un certain âge est venu et s’est adressé à cette inconnue. Tu n’étais pas seule mais avec une amie, Odile, semble-t-il, elle s’appelait Odile. Et Odile, ne te vexes pas, était plus attirante, même si je ne me souviens pas de son visage. Si je la voyais dans la rue, je ne sais pas si je la reconnaîtrais. Je me souviens seulement que c’était une brunette et qu’elle riait beaucoup.

Tiens… je vais te dire un secret: j’ai vu ton genou et ta main dessus. Tu pianotais avec les doigts, au rythme de la musique. C’était Georges Brassens, maintenant tu sais comment je l’adore. Ensuite je t’ai regardée et j’ai tant voulu faire ta connaissance. Tu penses peut-être que pour moi c’est une chose habituelle: faire connaissance avec des femmes dans les cafés. Mais à vrai dire je suis inquiet et à chaque fois je ne sais jamais comment commencer et que dire. Avant notre rencontre, je faisais des connaissances uniquement par mes amis. C’est ridicule bien sûr…peutêtre j’ai oublié comment faire la cour. Depuis que je suis resté seul il s’est passé trop longtemps. Et pour la première fois j’avais vraiment envie que quelqu’un soit à coté. Toi.

Dommage qu’à cet instant ce n’est pas toi que je vois. Je vois les heures qui passent et j’attends ton appel. Soudain m’arrive une folle pensée que tu m’appelleras et diras: «Bonjour Guy». Je l’ai tellement imaginé que j’étais déjà à coté du téléphone. Et j’étais en colère après moi. Nous nous sommes même entendus de se téléphoner plus tard, de se rencontrer, de dîner ensemble, de faire des plans pour le week-end.

Et quand même pourquoi je m’énerve? Tu appelleras, tout ira bien. Je vais préparer du café.

10h30. Je poursuis tout simplement pour être plus vite avec toi. En fi n de compte, penser à toi est aussi agréable. Même, peut-être (quelle terrible pensée!), parfois, c’est plus tranquille que d’être à coté. Parce que dans ce cas je peux penser, imaginer, inventer, raconter et ne pas craindre que tu te lèves et que tu partes. Dans mes pensées je ne te lâche pour rien au monde.

Ce jour-là dans ce café, j’avais soudain envie de mettre ma main sur la tienne et de la caresser. Je ne voulais pas plus, j’avais tout simplement pitié de toi. Jusqu’à la douleur. Et c’est toi! Si indépendante, si sûre! Mais tes yeux étaient tristes, et tu étais si maigre.

…Et pourquoi je regarde le téléphone? Regarder ou ne pas regarder, tu n’appelleras pas avant midi.

12h30. Il me semble que je m’énerve, qu’est ce que tu fais? Ton chef t’a redonné du travail et tu n’auras pas le temps de déjeuner? Certes, il ne sait pas, mais d’où le saurait-il, qu’au même moment un homme est assis dans une chambre et attend que la secrétaire Marie-Ange prenne le téléphone, compose un numéro et dise simplement: «Salut, Guy». Je commence à détester ton chef, bien que peut-être, il ne soit pas coupable. Peut-être comme tu dis, c’est ton insupportable sœur Elisabeth qui est coupable. Elle a pris l’habitude de t’appeler à ton travail à la pause de midi. Parfois tu dis qu’elle est malheureuse, solitaire… Tu as pitié d’elle et elle en profi te. Pour moi elle est comme un tyran. Elle t’appelle tous les soirs et elle occupe le téléphone pendant des heures, mais pour ne rien dire.

Les minutes s’égrènent… Le téléphone reste muet.

Qu’est-ce que c’est? Je ne vois pas ce que j’écris… Je pleure?? C’est bien sûr ridicule: un homme d’âge mûr aux cheveux gris écrit une lettre à une femme de laquelle il est amoureux comme un adolescent… Mais les garçons ne pleurent pas comme disait ma mère.

J’ai honte. Je serai fort, tu appelleras. Absolument. Et nous irons «Chez ma cousine», nous commanderons ta viande préférée «le bœuf Bourguignon» et moi, comme d’habitude, je mangerai ta glace. J’ai en plus un excellent plan pour ce week-end, tu aimeras.

15h30. Qui pourrait supposer qu’il y a tant de force dans cette femme fragile? Et moi, je voulais te protéger. Tu n’aimes pas parler de ton défunt mari. C’est étrange. On voit que tu l’aimais mais on dirait que tu le sens fautif. Avec quel dépit tu coupes court aux questions et en même temps tu parles de sa bonté? Il n’est plus là, il t’a laissé un fi ls, c’est pour çà que tu lui en veux. C’est vrai?

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