Франция в эпоху позднего средневековья - Юрий Малинин
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L'image de le nature comme une source de la morale ou bien de la loi divine sous toutes ses formes de manifestations, était propre non seulement à la littérature savante. Elle a aussi pénétré dans la conscience de masse. Comme témoignage on trouve l'emploi assez répandu dans le français de l'époque de l'adverbe «naturellement», se servant souvent de mot d'introduction tout comme dans les langues modernes. «Naturellement» veut dire selon la nature, selon le cours naturel des choses, c'est-à-dire sûrement et incontestablement, car la nature est parfaite, elle incarne le bien absolu de la loi. En même temps la langue adopte la notion «contre nature» qui était employée pour désigner tout ce qui est mauvais, amoral. Tout mal étant considéré incompatible avec nature, on pouvait donc appeler le diable «ennemi de nature».
Pourtant, malgré tous les efforts évidents et non sans résultats de la pensée éthique traditionnelle d'expliquer la nouvelle idée de la nature en l'adaptant à ses fins, il était impossible de mettre en accord complet la conception «nature-bien absolu» avec les valeurs chrétiennes. La justification des besoins naturels de l'homme, avant tout celui de procréer, entrainait un regard nouveau inévitable sur l'homme, une remise en question des péchés et des vertus. Il est significatif que dès le XII siècle le célibat du clergé comme contredisant la loi de la nature, devient l'objet d'une critique violente. C'est à la demonstration du fait que le célibat est contre nature que Alain de Lille consacre son «De planctu naturae». En même temps la conception que l'amour charnel est de caractère bénéfique reçoit des arguments supplémentaires grâce à la propagation de la conviction que la loi naturelle est bien faisante.
La notion de la nature humaine ayant acquis une correlation directe avec l'idée de la loi naturelle s'est compliquée avec la perte de la clarté représentative et de la simplicité qu'elle avait possédée lors de l'approche traditionnelle. La chair, création immédiate de la Nature, ne pouvait plus être considérée en tant que récipient des vices. L'origine matérielle dans l'homme emprunterait de cette source, Nature, un peu de sa grâce, et les vertus cesseraient de paraître exclusivement d'origine spirituelle, accessibles par la force de la foi et de la volonté.
Ce n'est pas par hazard qu'à cette époque commence à se former la conviction que la morale humaine est prédestinée par le facteurs naturels et physiques. Et c'est à cette conviction qu'est lié le développement de la notion des caractères nationaux qui se manifestent dans les penchants naturels des individus de telle nation pour tels vertus ou vices.
En ce qui concerne les auteurs français, ils cherchaient à démontrer, pour des raisons compréhensible, que la Nature était surtout favorable pour les habitants de la France. C'est ainsi que Pierre Dubois estimait que «causante celestis harmonie benevolencia, generati, nati et nutriti in regno Francorum, presertim prope Parisius, in moribus, constantia, fortitudine et pulchritudine, natos in aliis regionibus nat-uraliter plurimum precellunt».
Au XIV siècle on a commencé à expliquer les caractères nationaux par les influences climatiques. A la même époque les auteurs français ont repris les idées antiques sur les tempéraments humains qui seraient déterminés par les causes naturelles et, à leur tour, seraient à l'origine de tel penchant de l'homme correspondant à tel caractère de l'âme. La théorie des tempéraments s'entrelaçait souvent avec celle des caractères nationaux. Par exemple Philippe de Commynes remarquait, en comparant les Anglais avec les Français, que «naturellement les Angloys sont fort colériques: si sont toutes les nations de païs froit… Nous [les français] tenons de la region chaulde et aussi de la froide, pour quoy avons gens de deux complexions; mais mon avis est que en tout le monde n'y a region myaulx située que celle de France».
S'est aussi largement répendu une espèce de science qui s'occupait de l'interprétation des liens entre les caractères de l'âme et les données physiques de l'homme, telles que couleurs des yeux, des cheveux etc. Cette science se basait sur la conviction que les caractères moraux non seulement se traduisent dans les caractères physiques, mais qu'ils sont déterminée par ces derniers.
A cet effet «Le Calendrier des bergers» présente un grand intérêt; cet almanach célèbre, publié à plusieurs reprises, contient nombre de renseignements sur les domaines les plus divers. Entre autres il comporte de longues caractéristiques des quatre tempéraments suivis de la physiognomie détaillée avec des notes abondantes et précises sur la correspondance existant entre toutes les qualités physiques imaginables de l'homme et ses vices et vertus. Cette partie de l'almanach est conclue par le raisonnement que l'homme est la création de Dieu la plus parfaite parce «qu'il n'est condition ne manière en nulle beste qui ne soit trouvée en l'homme». «Le Calendrier» classe parmi ces conditions ou qualités le courage de lion, la prudence de l'ange, la largesse du coq, mais aussi la cupidité du chien, la perfidie du léopard, la paresse de l'âne etc. C'est par cette raison que l'homme «est appelé le petit monde; car, comme il est, il participe a la condition de toutes creatures». Derrière tout ce raisonnement on perçoit la conviction que les vertus et les vices sont propres à la nature, dont naturellement propres à l'homme, qui possède les qualités de toutes les créatures de Dieu.
Bien que du point de vue de la morale strictement chrétienne les vices restent toujours les vices dont on doit se libérer à l'aide de la raison, la volonté et la grâce, les conceptions naturalistes inspiraient une vue plus harmonieuse de l'homme, une vue libre d'un dualisme trop rigoreux, et une attitude plus tolérante à l'égard des vices, du moment qu'ils sont propres à l'homme par nature. La vie ne se présentait plus seulement en noir et blanc, couleurs du mal et du bien, et on pouvait désormais se représenter une troisième voie dans la vie, moyenne, comme, par exemple, dans le cas de Ph. de Commynes: «Mais a parler naturellement, comme home qui n'a aucune literature mais quelque peu d'esperience, ne l'eust il point myeulx vallu… eslire le moyen chemyn en ces choses, c'est assavoir moins se soucier, et moins se travailler, et entreprendre moins de choses; plus craindre a offencer Dieu., et prendre plus des aises et plaisirs honnestes?» Des raisonnements pareils n'étaient pas caractéristiques pour les auteurs à des points de vue étiques traditionnels, ceux-ci sachant bien qu'on devait vivre de manière à avoir en vue avant tout ses obligations morales devant Dieu. Ils n'admettaient pas «le moyen chemin», puisqu'il n'y en avait pour eux que deux — celui de vertu et celui de vice.