Вольтер и его книга о Петре Великом - Евгений Францевич Шмурло
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Un concours de circonstances heureuses, des événements favorables, et l’ignorance des étrangers, ont fait du czar un fantôme héroïque, de la grandeur duquel personne ne s’est avisé de douter. Un sage historien, en partie témoin de sa vie, lève un voile indiscret, et nous fait voir ce prince avec tous les défauts des hommes, et avec peu de vertus. Ce n’est plus cet esprit universel qui conçoit tout et qui veut tout approfondir; mais c’est un homme gouverné par des fantaisies assez nouvelles pour donner un certain éclat et pour éblouir. Ce n’est plus ce guerrier intrépide, qui ne craint et ne connaît aucun péril, mais un prince lâche, timide et que sa brutalité abandonne dans les dangers. Cruel dans la paix, faible à la guerre, admiré des étrangers, haï de ses sujets; un homme enfin qui a poussé le despotisme aussi loin qu’un souverain puisse le pousser, et dont la fortune a tenu lieu de sagesse; d’ailleurs, grand mécanicien, laborieux, industrieux et prêt à tout sacrifier à sa curiosité. Фридрих Вольтеру, 13 ноября 1737 г. (Œuvres de Voltaire, XXXIV, 343), «Haï de ses sujets» – всецело выросло из параграфа 7, главы IX записки Фокеродта; ср. Herrmann, 107 (русский перевод, 105).
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И действительно, то, что вычитал Фридрих у Фокеродта, последний изобразил далеко не так выпукло, без того подчеркивания, без того наложения густых красок, какие допустил Фридрих, тем более что записка посольского секретаря во многих местах освещает личность Петра также и положительными чертами. Фокеродт с сочувствием говорит о церковных преобразованиях Петра, особенно о Духовном регламенте; о мерах к поднятию просвещения среди духовенства (глава II); в «комедии», какую разыгрывал Петр, возводя князя Ромодановского в «государя», а себя ставя в положение «подданного», Фокеродт видит разумную меру: она воспитывала дворянство в идеях служебного долга и подчинения, вытравляла в нем старые родовые и местнические счеты (Considérations, 41–42; русский перевод, 25); с таким же сочувствием отзывается Фокеродт и о заботах царя, направленных к прекращению лихоимства губернаторов, злоупотреблению своей власти (52–53; русский перевод, 32); хвалить его торговую и промышленную политику (127; русский перевод, 72–73), проведение каналов, постройку портов (гл. VI), учреждение регулярного войска (впрочем во французском тексте похвальный отзыв о войске опущен и сказано только: «ils [русские] regardent les nouvelles troupes comme autant de liens qui les tiennent assujettis au despotisme de leur souverain»; с. 193); ср. подлинный текст: «Aber auch die Einführung der regulierten Miliz, welche die ganze Welt vor den grössten Vortheil ansiehet, den Petrus I seinem Reiche verschaffen können, kommt ihnen als unnütze und schädlich vor» (с. 108).
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Je ne suis point étonné de voir dans le czar Pierre Ier les contrasres qui déshonorent ses grandes qualités; mais tout ce que je peux dire pour pour excuser ce prince, c’est qu’il les sentait… Je conviens, Monseigneur, que c’était un barbare; mais enfin c’est un barbare qui a créé des hommes; c’est un barbare qui a quitté son empire pour apprendre à regner; c’est un barbare qui a lutté contre l’éducation et contre la nature. Il a fondé des villes; il a joint des mers par des canaux; il a fait connaître la marine à un peuple qui n’en avait pas d’idée, il a voulu même introduire la société chez des hommes insociables. Вольтер Фридриху, январь 1738 г. (Œuvres de Voltaire, XXXIV, 385).
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Il avait de grands défauts, sans doute; n’étaient-ils pas couverts par cet ésprit créateur, par cette foule de projets tous imaginés pour la grandeur de son pays, et dont plusieurs ont été exécutés? N’a-t-il pas établi les arts? N’a-t-il pas enfin diminué le nombre des moines? Там же.
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Votre Altesse royale a grande raison de détester ses vices et sa férocité: vous haïssez dans Alexandre, dont vous me parlez, le meurtrier de Clitus; mais n’admirez-vous pas le vengeur de la Grèce, le vainqueur de Darius, le fondateur d’Alexandrie? Ne songez-vous pas qu’il vengeait les Grecs de l’insolent orgueil des Perses, qu’il fondait des villes qui sont de-venues le centre du commerce du monde, qu’il aimait les arts, qu’il était le plus généreux des hommes? Le czar, dites-vous, Monseigneur, n’avait pas la valeur de Charles XII: cela est vrai; mais enfin ce czar, né avec peu de valeur, a donné des batailles, a vu bien du monde tué à ses côtés, a vaincu en personne le plus brave homme de la terre. J’aime un poltron qui gagne des batailles. Там же.
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Si l’on voulait se donner la peine d’examiner, à tête reposée, le bien et le mal que le czar a faits dans son pays, de mettre ses bonnes et mauvaises qualités dans la balance, de les peser, et de juger ensuite de lui sur celles de ses qualités qui l’emporteraient, on trouverait peut-être que ce prince a fait beaucoup de mauvaises actions brillantes, qu’il a eu des vices héroïques, et que ses vertus ont été obscurcies et éclipsées par une foule innombrable de vices. Il me semble que l’humanité doit être la première qualité d’un homme raisonnable. S’il part