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Том 6. Художественная проза - Александр Сергеевич Пушкин

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трехдневный карантин. Опять увидел я Безобдал и оставил возвышенные равнины холодной Армении для знойной Грузии. В Тифлис я прибыл 1-го августа. Здесь остался я несколько дней в любезном и веселом обществе. Несколько вечеров провел я в садах при звуке музыки и песен грузинских. Я отправился далее. Переезд мой через горы замечателен был для меня тем, что близ Коби ночью застала меня буря. Утром, проезжая мимо Казбека, увидел я чудное зрелище: белые, оборванные тучи перетягивались через вершину горы, и уединенный монастырь51, озаренный лучами солнца, казалось, плавал в воздухе, несомый облаками. Бешеная Балка также явилась мне во всем своем величии: овраг, наполнившийся дождевыми водами, превосходил в своей свирепости самый Терек, тут же грозно ревевший. Берега были растерзаны; огромные камни сдвинуты были с места и загромождали поток. Множество осетинцев разработывали дорогу. Я переправился благополучно. Наконец я выехал из тесного ущелия на раздолье широких равнин Большой Кабарды. Во Владикавказе нашел я Дорохова52 и Пущина. Оба ехали на воды лечиться от ран, полученных ими в нынешние походы. У Пущина на столе нашел я русские журналы. Первая статья, мне попавшаяся53, была разбор одного из моих сочинений. В ней всячески бранили меня и мои стихи. Я стал читать ее вслух. Пущин остановил меня, требуя, чтоб я читал с бо́льшим мимическим искусством. Надобно знать, что разбор был украшен обыкновенными затеями нашей критики: это был разговор между дьячком, просвирней и корректором типографии, Здравомыслом этой маленькой комедии. Требование Пущина показалось мне так забавно, что досада, произведенная на меня чтением журнальной статьи, совершенно исчезла, и мы расхохотались от чистого сердца.

Таково было мне первое приветствие в любезном отечестве.

Приложения к путешествию в Арзрум

I. Otice Sur La Secte Des Yézidis54

Entre les sectes nombreuses que se sont élevées dans la Mésopotamie, parmi les Musulmans, après la mort de leur prophète, il n'en est aucune qui soit odieuse à toutes les autres autant que celle des Yézidis. Les Yézidis ont pris leur nom du scheikh Yézid, auteur de leur secte, et ennemi déclaré de la famille d'Ali. La doctrine dont ils font profession, est un mélange du manichéisme, du mahométisme et de la croyance des anciens Perses. Elle se conserve parmi eux par tradition, et est transmise de père en fils sans le secours d'aucun livre: car il leur est défendu d'apprendre à lire et à écrire. Ce défaut de livres est sans doute la cause, pour laquelle les historiens Mahométans ne parlent de cette secte qu'en passant, et pour désigner sous ce nom des gens abandonnés au blasphême, cruels, barbares, maudits de Dieu, et infidèles à la religion de leur prophète. Par une suite de cela on ne peut se procurer, relativement à la croyance des Yézidis, aucunes notions certaines, si ce n'est ce qu'on observe aujourd'hui même parmi eux.

Les Yézidis ont pour premier principe de s'assurer l'amitié du Diable, et de mettre l'épée à la main pour sa défense. Aussi s'abstiennent-ils non-seulement de le nommer, mais même de se servir de quelque expression dont la consonnance approche de celle de son nom. Par exemple un fleuve se nomme dans le langage ordinaire schatt, et comme ce mot a quelque léger rapport avec le mot scheïtan, nom du Diable, les Yézidis appellent un fleuve avé mazen, c'est à-dire grande eau. De même encore les Turcs maudissent fréquemment le Diable, en se servant pour cela du mot nal, qui veut dire malédiction; les Yézidis évitent avec grand soin tous les mots qui ont quelque analogie avec celui-là. Ainsi au lieu du mot nal qui signifie aussi fer de cheval, ils disent sol, c'est-à-dire, semelle de souliers d'un cheval, et ils substituent le mot solker, qui veut dire savetier, au terme du langage ordinaire nalbenda, qui signifie maréchal. Quiconque fréquente les lieux qu'ils habitent, doit être très-attentif à ne point prononcer les mots diable et maudit, et surtout ceux-ci, maudit soit le diable; autrement il courrait grand risque d'être maltraité, ou même tué. Quand leurs affaires les attirent dans les villes Turques, on ne peut pas leur faire de plus grand affront que de maudire le diable devant eux, et si la personne qui a eu cette imprudence vient à être rencontrée en voyage par des Yézidis et reconnue, elle est en grand danger d'éprouver leur vengeance. Il est arrivé plus d'une fois que des hommes de cette secte ayant été arrêtés pour quelque crime par la justice Turque, et condamnés à mort, ont mieux aimé subir leur condamnation que d'user de la faculté qui leur était accordée, de s'y soustraire en maudissant le Diable.

Le Diable n'a point de nom dans le langage des Yézidis. Ils se servent tout au plus pour le désigner de cette périphrase, scheikh mazen, le grand chef. Ils admettent tous les prophètes et tous les saints révérés par les Chrétiens, et dont les monastères situés dans leurs environs portent les noms. Ils croient que tous ces saints personnages, lorsqu'ils vivaient sur la terre, ont été distingués des autres hommes plus ou moins, selon que le diable a résidé plus ou moins en eux: c'est surtout, suivant eux, dans Moïse, Jésus-Christ et Mahomet qu'il s'est le plus manifesté. En un mot, ils pensent que c'est Dieu qui ordonne, mais qu'il confie au pouvoir du Diable l'exécution de ses ordres.

Le matin, à peine le soleil commence-t-il à paraître, qu'ils se jettent à genoux les pieds nus, et que tournés vers cet astre, ils se mettent en adoration, le front contre terre. Pour faire cet acte de dévotion, ils se retirent à part, loin de la présence des hommes; ils font leur possible pour n'être point vus quand ils s'acquittent de ce devoir, dont ils se dispensent même suivant les circonstances.

Ils n'ont ni jeûnes, ni prières, et disent pour justifier l'omission de ces њuvres de religion, que le scheikh Yézid a satisfait pour tous ceux qui feront profession de sa doctrine jusqu'à la fin du monde, et qu'il en a reçu l'assurance positive

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